Commune de Rai

Commune de Rai

Département de l'Orne - Normandie

Que lisez-vous Nicole Sévin ?

Que lisez-vous Nicole Sévin ?

Que lisez-vous ?

Nicole Sévin

 

Catherine : Nicole, qui t’as appris à lire ?

Nicole : Officiellement, j’ai appris à lire dans la classe de maman. Mes deux parents étaient instituteurs. Mais quand je suis arrivée dans la classe de maman à l’âge de six ans, je savais déjà lire depuis deux ans.

Il y avait un couloir de chaque côté de notre logement, couloir qui permettait d’accéder aux classes. J’ouvrais en toute discrétion la porte de sa classe et j’écoutais. C’était une classe unique et les petits du CP étaient dans mon champ de vision. Ma mère interrogeait souvent une fille qui avait du retard, je répondais à sa place……… et ma mère fonçait sur moi !

J’ai fait l’école clandestine, en quelque sorte ! J’ai donc appris à lire dans la classe de maman, mais avant les autres. J’étais l’aînée, je m’ennuyais car je n’avais personne pour jouer avec moi. Je ne peux pas dire si ma mère était contente ou non. Elle était russe dans l’âme…ce n’était pas facile de savoir ce qu’elle pensait. Mais je revenais souvent à la charge, et elle ne m’a jamais interdit de venir. Cela a duré plus d’un an.

Catherine : Y a-t-il un livre qui t’a marquée, quand tu étais petite ?

Nicole : Oui ! « Quel amour d’enfant », de la Comtesse de Ségur. Je le connaissais par cœur !

Catherine : Ce n’est pourtant pas le plus connu…

Nicole : Non, ce n’est pas le plus connu…j’en ai lu d’autres de la Comtesse de Ségur, mais celui -là est resté… plus que les autres…

Catherine : Dans quel endroit l’école de tes parents était-elle ?

Nicole : Prés d’ici, entre Mortagne et le Mêle, La Mesnière, à 5 kms de Bazoche sur Hoësne :  commune où  devait avoir lieu la confirmation : l’évêque n’a pas pu venir le jour convenu, c’était le 6 Juin 1944 !!!, et je n’ai jamais été confirmée !

Catherine :Quelle était la méthode de lecture de ta maman ?

Nicole : Je ne sais plus s’il s’agissait de la fameuse méthode Boscher. Ma mère aimait faire les choses à sa manière.

Catherine : Ta famille était-elle une famille de lecteurs ?

Nicole : J’imagine. Ma mère a fait des « réserves » pour sa retraite (mais elle n’a pas pu les lire parce qu’elle est devenue aveugle). Nous ne lisions jamais « à voix haute », avec un lecteur pour toute la famille car nous lisions chacun pour soi. Nous étions tous attirés par la lecture mais nous étions aussi attirés par la musique, par le chant en particulier !

Catherine : Quel est ton univers ?

Nicole : Je ne lis pas spécialement la poésie. J’ai d’abord été influencée par mon père qui lisait énormément de romans policiers. Il les achetait, les lisait (avec une prédilection pour Agatha Christie) et je les lisais ensuite. C’est depuis ce temps que je suis « accro » aux séries policières de la Télé !

 Il y a eu aussi la bibliothèque de l’Ecole Normale. Mon grand plaisir, quand j’étais plus jeune, était de lire à plat ventre sur un tapis.Je pouvais lire des heures, installée ainsi.

J’aime beaucoup les histoires qui durent : les sagas. J’ai lu les « Jalna », « Fortune de France » (une série que l’on peut commencer n’importe où avec énormément de plaisir).

J’ai lu aussi beaucoup Alexandre Dumas, Jules Verne, Zola et à l’occasion des romans historiques (qui doivent rester pour moi, des « romans », non des témoignages). J’ai adoré la série d’Auel, « Le clan de l’ours des cavernes » et la suite… !

La quatrième de couverture est très importante pour moi, pour orienter mon choix et j’aime bien te faire confiance quand je viens à la bibliothèque. Je ne m’occupe jamais du nom de l’auteur, et il en est de même pour la poésie et pour la musique.

Le monde dans lequel je m’enferme quand je lis n’est pas mon monde même si j’aime rencontrer certains personnages qui me ressemblent. Une histoire peut m’isoler, il n’y a personne autour de moi pendant ma lecture.

Quand je lis, je cherche d’abord mon plaisir et je ne veux pas analyser : je sais juste si j’aime ou si je n’aime pas ! Quand un livre me passionne, je suis incapable de l’abandonner et je lis jusqu’à 2h du matin. Et je tiens toujours jusqu’au bout, je ne ferme pas le livre.

Le roman, « Les Bourgeois », d’Alice Ferney, que tu m’avais prêté au départ n’était pas ma tasse de thé : trop de dates et trop statique. Et puis j’ai fait omission des dates et j’ai fini par aimer l’histoire !

Catherine : Je te l’avais proposé car il s’agit d’une saga familiale… Quelles sont les lectures que tu n’aimes vraiment pas … ?

Nicole : Les grands « classiques » m’enquiquinent ! (Sourire malicieux !)

Je n’aime pas Flaubert, ni Boris Vian, ni Sartre. Pour lire un ouvrage il me faut pouvoir entrer dans l’histoire qui ne doit pas être ennuyeuse mais, avant tout, captivante. Je ne lis pas de livres « à l’eau de rose ». Le style de maintenant ne me convient pas quand les phrases ne sont pas complètes ou quand la ponctuation coupe sans arrêt le texte. Pour moi, une phrase comporte au minimum un sujet, un verbe et un complément. J’aime quand un texte est bien écrit.

Je ne lis pas de SF (alors que mon fils en lit beaucoup), ni de fantastique et je n’ai jamais pu lire de la BD.

Je ne suis pas attirée par les documentaires comme, par exemple, « Le beau livre de la biologie », que je vois d’ici sur cette étagère.

En littérature, il y a des personnes que l’on aime mieux que d’autres : il y a parfois des légendes surévaluées et par exemple, je préfère Robert Desnos à Elsa et Aragon… Ce qui ne retire rien aux textes d’Aragon.

Et tu sais… je possède le nécessaire, je pense, mais je ne me sens pas « cultivée »…

Catherine : tu as appris à lire aux autres…

Nicole : Oui… et je peux dire que ce qui est vraiment terrible, c’est de lire sans « savoir lire… »

Je peux parler d’un exemple précis, celui d’une petite fille qui lisait apparemment sans difficultés, en «  mettait plein la vue « à la classe, se vantait auprès des autres enfants de « savoir lire »mais n’arrivait pas à raconter ce qu’elle avait lu… Ses facilités n’étaient qu’une façade. Elle ne comprenait rien à ce qu’elle lisait.

Il y a beaucoup d’exemples comme celui-ci. Comment la lecture peut-elle être un plaisir dans ces conditions ?

Catherine : Quand as-tu arrêté l’école ?

Nicole : En 1989.

Catherine : Les albums jeunesse étaient en pleine effervescence ! L’école des loisirs grandissait.

Nicole : Oui, je suis de cette époque-là !

Catherine : Ce sont les enseignants de ta génération qui m’ont appris à lire les albums… et quelles sont les lectures que tu avais en commun avec Pierre Sévin, ton mari ?

Nicole : Nous n’avions pas du tout les mêmes lectures mais il lisait autant que moi. Mon mari était passionné d’histoire, et principalement de celle de la Normandie. J’ai encore à la maison beaucoup de revues, et de livres sur la Normandie qui lui appartenaient.

Il aimait aussi beaucoup la poésie, en particulier celle de Victor Hugo.

 

Partager cet article

Commenter cet article